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Molière à Paris( 1658-1673)

          Enfin Molière , en 1658, revient à Paris. Il raporte avec lui duex comédies achevées, l’Etourdi et le Dépit amoureux, et une foule de farces. Le 24 octobre 1658, il est admis à donner, au Louvre, une représentation devant la cour; il joue Nicomède (comme acteur, il avait la prétention des rôles tragiques), et Le Docteur amoureux . La troupe fut jugée excellente dans le comique, et le Roi donna à Molière la salle du Petit-Bourbon, dans les bâtiments mêmes du Louvre , avec le titre de Troupe de Monsieur et une pension. C’est au Petit-Bourbone que Molière fait jouer , en 1659, les Précieuses ridicules. Mais, l’année suivante, M.de Rataubon, architecte du Roi, expulse Molière; on démolit le Petit-Bourbon, pour commencer les travaux de la colonnade du Louvre. Molière crut un instant, sans doute, que les pérégrinations de l’Illustre théâtre allaient recompencer. Mais Monsieur lui permit de s’installer dans la salle du Palais-Royale , celle que Richeliu avait fait construire; c’est là que Molière donna toutes ses pièces, et qu’il mourut.

            A partir de ce moment, il nous suffira de noter (l’histoire des pièces devant être faite à part) quelques événiments essentiels de la biographie de Molière.- Il épouse, en 1662, Armande Béjard, dont la coquetterie semble l’avoir fait beaucoup souffrir. En 1664, il a un fils, et le Roi consent à en être le parrain. Louis XIV, d’ailleurs, protège Molière contreses ennemis, et l’appelle fréquemment à la cour, soit pour qu’il y jouer quelque pièce de son répertoire, soit pour qu’il compose des divertissements de circonstance. Il convient d’apprécier à sa juste valeur cette protection du Roi, qui, sans doute, a pu détroner Molière de travaux plus sérieux, en lui imposait de fabriquer des ouvrages hâtifs, dans le gout du jouer, comme Mèlicerte, les Amants magnifiques, etc. ; mais qui, à ce prix, lui a rendu peut-être davantage. En effect, Molière, admis familièrement à la cour, a pu observer de près les originaux de petits mariquis et de grands seigneurs qu’il met à la scène; et sourtout, c’est fort de l’appui royale qu’il a pu railler impunément la noblesse du jour, non pas seulement pour ses ridicules extérieurs, mais pour ses vices.

            La vie de Molière semble avoir été d’une activité dévorante. Chef de troupe (et nous savons par ses confidences de l’Impromptu que c’était un rude métier), acteur toujours en scène, et auteur, il n’a pas un instant de repos. On est stupéfait qu’il ait pu, entre 1658-1673, composer plus de vingt ouvrages, dont plusieurs en cinq actes et en vers! Il devait, comme l’en félicite Boileau, rimer avec facilité singulière. A ce métiere, il gagnait sans doute beaucoup d’argent. Il avait, dit-on, trente mille livres de rentes; et l’inventaire dressé après sa mort rélève un confortable large et artistique. Son caractère était plutôt porté à la trstesse; il fit rire, mais il ne riait pas. Il était homme de coueur, charitable, « né avec dernières dispositions à la tendresse »(Grimarest), tolérant, ami fidèle. De complexion délicat, porté à l’hypocondrie (nous dirions aujourd’hui neurasthénique), il fut presque toujours malade, et voulut aux médecins de leur impuissance à le guérir. On sait comment il mourut : sur la scène, pendant la quatrième représentation du Malade imaginaire, il fut pris d’une convulsion et d’un crachement de sang; on le transporta chez lui, où   il expira dans la nuit. La maison où il est mort s’ élevait au n° 40 de la rue de Richelieu. Comédien, Molière était excommunié; pour obtenir qu’on l’ensevelît nuitamment en terre chrétienne, sa veuve dut aller se jeter aux pieds de Louis XIV.