Jean Baptiste Poquelin, dit Molière fut baptisé
à Paris le 15 janvier 1622. Son père, Jean Poquelin, avait sa boutique, sous les piliers des Halles, à l’enseigne
de Saint-Christophe, et était valet de chambre tapissier ordinaire du Poi . Sa mère, Marie Cressé, mourut quant l’enfant
entrait dans sa onzième année.
Jean Baptiste fut donc
élevé, d’abord, dans un milieu tout à fait parisien, bourgeois et populaire. Il en conserva le sens du vrai dans la
peinture des petites gens. Peut-être, aussi, faut-il attribuer à l’absence de l’affection maternelle, ses rôles
de mères orgueilleuses et marâtres; et retrouver, chez M. Jourdain et chez Harpagon, des souvenirs du bourgeois vaniteux et
avare que parâit avoir été le père Poquelin?
A ces premières impressions
si franches et si directes, Jean Baptiste joignit bientôt la culture de l’humanisme. Elève du plus célèbre collège de
Paris, Clermont, dirigé par les Jésuites, il y fit d’excellentes études, de 1636 à 1641. Bien plus, il put y observer
de près un monde nouveau pour lui, puisque ce collège fort à la mode était fréquenté par les fils des plus grands seigneurs.
C’est là, dit-on, qu’il aurait fait connaissance avec le jeune prince de Conti, qui devait, plus tard, s’établir
le protecteur de sa troupe nomande. A cette époque, il connut aussi le philosophe Gassendi, un des esprits les plus hardis
du siècle, auquel il est redevable sans doute de sa philosophie large et naturelle, voisine de l’épicurisme.
Quant il eut terminé ses
classes, son père lui fit faire des études de droit; peut-être lui acheta-t-il un diplôme à l’Université d’Orleans.
Après tant de sacrifices presque supérieurs à sa condition, il voulait se préparer en son fils un successeur à sa charge de
tapissier du Roi. On croit même que Jean Baptiste remplaça son père, en 1642,
pendant le voyage de la cour à Narbonne. Mais le fils ne se souciait guère de fabriquer des fauteuils et de poser des
tentures. Il avait depuis longtemps de gôut du théâtre. Tout jeune encore, son grand-père Cressé le menait sur le Pont-Neuf
voir Tabarin et ses tréteaux, ou à l’Hôtel de Bourgogne, ou encore à Paris à la Foire Saint-Germain.